Autant l'avouer, on s'y connaît à peu près autant en musiques du Sud-est asiatique qu'en manières de rendre le tofu comestible,  et si on se fie aux affiches, on a des chances de se retrouver dans un congrès de philatélistes ou à une dégustation de blattes. Bref, notre horizon musical se limitait à la bouillie internationale sensée faire oublier la consistance du poulet dans les fast-food, à quelques groupes trad' dans les restos un peu classe, et surtout au karaoké du voisin, qui y met beaucoup de coeur, à défaut de technique.

Saïgon n'étant pas vraiment sur le circuit des tournées mondiales, c'est pour ainsi dire en voisins que les Neuroticos sont venus servir une honnête et binaire soupe métallique, pour peu qu'on apprécie le swing du marteau-piqueur sur l'enclume, le grain de la tronçonneuse à viande et les vocalises laryngectomiées des Petits Chanteurs à la Croix de Fer. Pour sûr, les compositions du groupe restituent à merveille les saveurs, les traditions, la chaleur et la lumière si particulière de leur terroir d'adoption : Hiroshima.

Côté repères, on avait les bases : les p'tites cornes avec les doigts, die, diiie, diiiiie toutes les 4 mesures, le Hêd Bàn Gîngh (littéralement :  « coup de boule avec l'Invisible »)... Tout cela est très codé et, si la soirée n'a pas engendré de révélations, elle a néanmoins réservé quelques surprises :
a) les métalleux locaux ont moins de poils qu'au Hellfest (peut-être parce que c'est des filles) ;
b) point n'est besoin de chaussettes à clous, le métal s'apprécie aussi en tongs ;
c) et, contre toute attente, la structure du bâtiment a tenu.

Je sais pas vous, mais nous, maintenant, le dimanche, on va à la messe. Noire.